Coinbase piraté ? Une escroquerie de 4 millions révélée par ZachXBT

Un faux clic, une voix convaincante et plusieurs millions envolés. L’affaire révélée par l’enquêteur indépendant ZachXBT expose un pan de plus en plus inquiétant de la criminalité crypto. L’ingénierie sociale appliquée aux canaux de confiance. Un nouvel épisode de la saga s’est déroulé sur Coinbase.
Une arnaque bien huilée, mais sans piratage technique
Contrairement à l’affaire du chantage et de la prime à 20 millions, l’intégrité du dispositif de sécurité de Coinbase n’a pas été “atteint” au sens technique du terme cette fois. Aucun serveur compromis, aucun accès non autorisé à la plateforme elle-même. L’attaque, elle, s’est jouée ailleurs, avec la voix au bout du fil.
Christian Nieves, escroc basé à New York et connu sous les pseudos “Daytwo” ou “PawsOnHips”, a mis en place un centre d’appel pirate. Grâce à cela, il se faisait passer pour le support client de Coinbase.
En contactant ses cibles par téléphone, il les incitait à créer un nouveau portefeuille Coinbase via des sites frauduleux, tout en utilisant des phrases de récupération (seed phrases) déjà compromises. Autrement dit, le portefeuille était piraté avant même d’être utilisé.
L’évolution d’un schéma hybride
Là où cette escroquerie se distingue, c’est par son mélange de manipulation psychologique et de techniques crypto avancées. Dans un premier temps, il y a l’appât émotionnel. Le contact humain au téléphone avec une voix calme, un jargon technique et une fausse bienveillance qui rassure la victime, souvent novice ou vulnérable.
Ensuite vient la phase technique où tout se joue entre deux clics. Une fois le faux portefeuille activé et les fonds versés, ils sont aussitôt siphonnés.

Selon les investigations de ZachXBT, les fonds volés auraient été divisés en trois parties dont l’une a servi pour un dépôt sur une adresse Roobet. Il s’agit d’une plateforme de jeu crypto dont le voleur se servirait pour blanchir une partie des fonds. Le reste a été converti en Monero (XMR), cryptomonnaie plébiscitée pour son anonymat.
Un puzzle qui relie plusieurs arnaques
Grâce à l’analyse des flux, ZachXBT a remonté la trace des transactions jusqu’à une adresse impliquée dans plus de 30 escroqueries similaires. Total du préjudice estimé : plus de 4 millions de dollars.
Parmi les cas les plus marquants, celui d’une personne âgée ayant perdu 240 000 dollars en novembre 2024. Le mode opératoire est quasi identique à chaque fois. Le complice de Nieves dans cette arnaque opérait sous le pseudonyme “Paranoia” aujourd’hui identifié comme un certain Justin.
L’identité numérique, sabordée par l’ego
Le plus choquant ici, ce n’est pas la complexité du dispositif, mais la désinvolture de son auteur. Nieves ne s’est pas contenté d’opérer dans l’ombre. Il se vantait librement de ses larcins sur Discord à visage découvert. Parfois, il partageait l’écran de son ordinateur affichant les adresses crypto liées aux arnaques.
Il aurait même acheté une Corvette flambant neuve, ornée d’un autocollant à l’effigie de son pseudo. Un mélange de narcissisme et d’impunité criante, illustrant un nouveau profil d’escroc crypto : jeune, visible et convaincu de son invincibilité.
Ce que cette affaire révèle sur l’écosystème
Les plateformes centralisées comme Coinbase restent vulnérables, non par leur technologie, mais par la confiance qu’elles inspirent. Les escrocs le savent et en jouent.
L’ingénierie sociale reste l’arme la plus puissante des cybercriminels. Elle ne vise pas les systèmes, mais les gens.
Fort heureusement, l’action de figures comme ZachXBT permet de combler le vide laissé par des enquêtes officielles souvent lentes ou inexistantes. Le facteur humain est devenu la plus grande surface d’attaque. Cela dit, une menace d’un tout nouveau genre propulsée par l’IA se profile.
Source : x.com (@zachxbt)
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