Rencontre avec le co-fondateur de la plateforme Iceblock : En soutient des gestionnaires d’actifs
Alexis Abric a co-fondé Iceblock, une startup qui propose une solution d’investissement clé en main dans les cryptomonnaies pour les gestionnaires d’actifs. Elle vient d’obtenir son enregistrement en tant que Prestataire de services sur actifs numériques (Psan), le précieux sésame délivré par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Comment êtes-vous arrivé dans l’univers crypto ?
Je suis arrivé dans l’univers des cryptomonnaies en 2017, en tant qu’investisseur et chercheur sur la technologie de la blockchain, ce qui m’a amené à écrire des articles. J’ai ensuite travaillé dans l’écosystème français, notamment avec Equisafe, la première entreprise à tokeniser un bien immobilier sur Ethereum. Après deux ans dans la “Crypto Valley” à Zug, en Suisse, où j’ai accompagné des entreprises comme Aave, Swissborg, YouHodler, et des startups de taille plus réduite, et grâce à mon track record, j’ai constitué Iceblock avec deux associés, en 2021.
Quelle était l’idée de départ derrière ce projet ?
Quand le marché était extrêmement haut en 2021, beaucoup de personnes de notre entourage nous ont demandé d’investir dans les cryptomonnaies pour elles au vu de nos performances. On s’est dit à ce moment-là que ce serait pertinent de les accompagner, car elles allaient investir dans le haut du marché, et prendre de plein fouet la correction du marché baissier. Notre idée était donc d’apporter une stratégie d’investissement rationnelle.
C’est-à-dire ?
On se base sur une analyse fondamentale, on prend le temps de connaître la valeur ajoutée de chaque projet pour faire de l’investissement sur le long terme, dans l’idéal plus de quatre ans. Notre cible sont des professionnels ou des particuliers à forts capitaux, qui veulent s’exposer à ce genre de marché mais ne savent pas comment le faire de manière prudente.
Comment définiriez-vous votre solution? Est-ce un exchange?
C’est une “crypto-as-a-service”, dans le sens où nous avons vocation à être une solution “plug and play” pour un family office ou un asset manager qui voudrait intégrer les cryptomonnaies à ses services financiers, à son portefeuille de produits. En utilisant Iceblock, il serait à un virement SEPA de déployer le capital de ses clients sur le marché crypto. Nous fournissons l’infrastructure, avec Fireblocks et les procédures AML et LCB-FT, spécifiques au marché des actifs numériques, avec des solutions comme Scorechain ou Syndicate.
Constatez-vous une forte demande des gestionnaires d’actifs pour la crypto en ce moment ?
Avec le marché crypto qui repart à la hausse, et le marché des actions plutôt à plat, la demande des particuliers à forts capitaux pour les cryptos est de retour en effet. Mais cela reste une demande contenue à quelques pour cents dans une stratégie globale de portefeuille.
Combien de cryptos proposez-vous ?
Nos portefeuilles vont de 3 à 39 cryptomonnaies, avec des capitalisations toutes supérieures à 200 millions de dollars. Nous ne cherchons pas la volatilité à court terme, mais à investir sur la croissance long terme de la technologie.
Vous êtes enregistré en France et pas à Zug, en Suisse. Pourquoi ?
Quand j’ai voulu créer Iceblock avec mes associés, le Psan commençait à avoir une bonne dynamique en France. C’était notre pays d’attache et le Psan ouvre une porte sur MiCA sur le long terme, ce que la Suisse n’offrait pas. C’était une bonne opportunité juridique et un cadre légal stable sur lequel nous appuyer sur le long terme.
C’est un discours à rebrousse-poil de celui qu’on entend d’habitude…
C’est un pas à sauter, mais lorsque l’on discute avec les institutions européennes, ou mêmes hors UE, le fait d’être dans un cadre juridique régulé fait toute la différence. La France et l’AMF ont une très bonne réputation sur les places financières internationales.
Nous avons pris le pas d’être “pro-régulation”, plutôt que d’être dans des pays avec une fiscalité plus avantageuse, mais qui ne nous auraient pas permis de bénéficier de ce “tampon”.
Combien de temps dure le processus pour être enregistré Psan aujourd’hui ?
Nous avons commencé le dossier fin janvier 2023 et nous avons été enregistrés en octobre 2023. C’est une démarche assez longue, mais j’en profite pour saluer le travail de l’AMF et de l’ACPR, qui nous ont aidés et ont été très pro-actifs. Une vraie surprise positive pour nous.
Que représente cet enregistrement pour vous ?
Tout ! Si nous n’étions pas Psan, aucun asset manager de la place ne nous écouterait. Pour eux c’est le minimum. Sans être validé par ces deux corps institutionnels, ce n’est même pas la peine de venir les rencontrer.
Quelles sont vos projets de développement dans les mois à venir ?
On aimerait créer des portefeuilles relatifs aux secteurs du marché, pour être encore plus adapté au risque, et que chaque asset manager puisse composer ses propres portefeuilles. Nous voulons aussi continuer de développer notre plateforme, qui permet de visualiser les performances de nos investisseurs en temps réel.
Au niveau juridique, l’objectif est d’aller chercher le statut de CASP (Crypto Asset Service Provider) inclut dans MiCA dès que possible, à partir de 2025, car des pays comme l’Allemagne, la Belgique ou le Luxembourg, peuvent être tout à fait pertinents pour nous.
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