Affaire Trump Meme Coin : TikTok riposte à l’accusation de corruption
L’histoire pourrait prêter à sourire si elle ne révélait pas les nouvelles lignes d’un potentiel scandale d’État. En surface, un jeton crypto à l’effigie de Donald Trump, quelques vidéos TikTok, une société chinoise quasi inconnue, et une accusation de corruption lancée par un élu américain. Mais en y regardant de plus près, c’est une bataille d’influence à la frontière du soft power et de la finance décentralisée qui se joue.
Un tweet, une bombe : TikTok graisse la patte à Trump ?
Le représentant démocrate Brad Sherman n’y est pas allé par quatre chemins. Dans un message publié sur X (ex-Twitter) le 19 juin, il accuse les « propriétaires chinois de TikTok » d’avoir acheté pour 300 millions de dollars de Trump meme coins. Sherman n’hésite pas à qualifier l’opération « pot-de-vin direct » versé au président.
Pour lui, le stratagème employé dans ce cas est assez simple. Trump commande la création d’une crypto-monnaie à coût nul. Ensuite, une entité pro-TikTok en achète massivement. Puis, comme par le plus grand des hasards, le président annonce ensuite une nouvelle prolongation de sursis à TikTok, dont l’application menacée d’interdiction aux États-Unis.
L’accusation est grave, mais ses contours demeurent encore flous. TikTok a rapidement réagi, qualifiant ces propos de « manifestement faux et irresponsables », niant toute implication directe dans l’achat des jetons.
Qui est GD Culture Group, l’ombre chinoise du scandale ?
La société au cœur de la controverse s’appelle GD Culture Group. Cotée au Nasdaq, sans revenus déclarés l’an passé, elle possède une filiale chinoise, selon le New York Times. C’est ce groupe qui est à l’origine des 300 millions de dollars d’achat du Trump meme coin.
Plus troublant encore, l’entreprise anime un compte TikTok très peu suivi et dont le contenu est produit par IA. Certes, il n’existe aucun lien officiel permettant de le relier directement à ByteDance, maison mère de TikTok. Mais la coïncidence est, pour le moins, très suspicieuse.
Trump, crypto et influence : la géopolitique des meme coins
Ce n’est pas la première fois que le Trump Coin se retrouve dans la tourmente. Dès son lancement en janvier, des figures politiques comme Elizabeth Warren ont exprimé leur inquiétude.
En avril, la tenue d’un dîner privé réservé aux 220 plus gros détenteurs du jeton avec Trump en invité d’honneur a ravivé les critiques. Les 25 détenteurs les plus importants avaient même droit à une réception ultra-VIP. Pour certains, c’est le signe de la monétisation directe de l’accès au pouvoir, une nouvelle frontière du marketing politique.
Une nouvelle ère de lobbying tokenisé ?
L’accusation de Sherman, aussi spectaculaire soit-elle, soulève une question bien plus large. Les meme coins seraient-ils en passe de devenir le canal d’un lobbying crypté et transnational ?
Dans une économie tokenisée, l’achat d’un actif numérique n’est plus seulement spéculatif. Il peut être symbolique, politique ou stratégique. Posséder un meme coin à l’effigie d’un candidat, c’est parfois bien plus qu’un geste crypto-anecdotique.
Et lorsque ces jetons sont liés à un acteur politique majeur comme Trump, les enjeux explosent. Trafic d’influence, privilèges, proximité, soutien implicite, etc. Et tout cela peut désormais être tokenisé et échangé en tout anonymat.
Crypto, pouvoir et perception
Aujourd’hui, l’image d’un leader peut être tokenisée, ou un dîner peut s’acheter en cryptomonnaie, et la frontière entre marketing et influence devient poreuse. Dans un tel contexte, l’affaire Trump Coin-TikTok n’est pas un épiphénomène. C’est un prélude.
Ce que cette affaire démontre, ce n’est pas seulement une possible tentative de corruption. C’est que l’infrastructure même de la crypto peut, demain, devenir l’outil de soft power préféré des grandes puissances.
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